La crise sanitaire que nous traversons actuellement nous démontre une nouvelle fois l’importance de l’anticipation et de l’adoption d’une vision stratégique claire pour les entreprises comme pour les gouvernants.

Dans un tel contexte d’incertitude, les entreprises, toutes tailles et tous secteurs confondus, sont confrontées à des problématiques inédites, qui mettent en danger leur pérennité.

En effet, le Covid-19 et ses répercussions entraînent une perte d’activité conséquente, augurant un retour à la normale long et difficile. En parallèle, les entreprises continuent à faire face à des menaces croissantes et pluridimensionnelles, tant sur le plan financier qu’informationnel ou réputationnel. Cette situation conduit les acteurs économiques à imaginer de nouvelles façons de travailler et à adopter de nouveaux modes d’organisation, qui marqueront l’activité de demain.

Dans ce contexte, l’intelligence économique (IE) et ses solutions opérationnelles représentent un véritable atout pour gérer au mieux une telle crise.

1) Gérer les risques

L’IE conduit à développer une démarche plurielle basée sur quatre principes : anticiper, identifier, analyser et contrer les risques.

L’anticipation passe par l’élaboration d’un panorama clair et complet des risques pouvant toucher l’activité d’une entreprise, donc par leur identification. L’analyse et la gestion de ces risques se jouera ensuite particulièrement sur la maîtrise de la relation avec ses différents tiers (collaborateurs, salariés, sous-traitants, clients, concurrents) : il s’agit alors de développer le renseignement d’affaires et la due diligence ainsi que de s’assurer de la conformité, de la pérennité et de la fiabilité des partenariats et des financements. Seule une telle démarche permettra de préserver un environnement de travail sûr et compétitif, de préparer la reprise et de contrer de potentielles velléités malveillantes. L’une des ressources les plus importantes dans la gestion de cette crise est sans conteste la détention d’informations fiables, en particulier au regard de l’explosion de fake news liées au Covid-19.

De plus, la protection de l’activité passe nécessairement par la protection des systèmes d’information :  coupler les techniques d’IE à l’analyse du web et des cybermenaces doit être envisagé.

2) Continuer à développer de nouvelles perspectives

De fait, l’enjeu sera d’une part de cartographier les divers risques auxquels la société peut être confrontée ; et d’autre part de détecter ses opportunités. Ce travail doit être pensé et effectué au plus tôt, et non pas lorsqu’il sera déjà trop tard : le temps de la crise ne doit pas faire oublier le temps de la reprise.

Ainsi, la gestion des risques évoquée précédemment est loin d’être incompatible avec le processus de développement et d’enrichissement de l’activité. En effet, cette démarche permet aussi de détecter des signaux faibles indispensables et de nouveaux vecteurs de croissance (acteurs, marchés, etc.). Avoir conscience de ses faiblesses permet de mieux rediriger ses forces et ressources vers leur neutralisation et d’accéder à de nouvelles perspectives.

En ce sens, les dispositifs de veille, la prospection ou l’analyse stratégique des nouveaux enjeux et des marchés permettront de réduire l’incertitude générée par la crise du Covid-19 et de dégager de nouvelles opportunités.

3) Maîtriser son image

Enfin, la réaffirmation de l’expertise et de la compétitivité d’une entreprise ou d’un acteur doit pouvoir s’appuyer sur l’image. Une réflexion en profondeur sur sa visibilité et son degré d’influence doit venir compléter le système d’intelligence stratégique mis en place. La crise ne doit pas conduire à une perte de contrôle de son image mais doit permettre d’asseoir sa réputation. Il s’agit de se différencier et de mettre en avant sa valeur ajoutée.

Tout ceci finira par alimenter un cercle vertueux : gérer les menaces permettra de se rediriger vers les projets les plus avantageux et d’exercer sa compétitivité développant ainsi la présence de l’entreprise, qui pourra de facto entrevoir de nouvelles opportunités, lesquelles véhiculeront une image positive.

4) Transformer les menaces en opportunités

La mise en œuvre d’une démarche d’intelligence économique permet à une entreprise de prendre de la hauteur et de recommencer à anticiper, après la confusion générée par le temps court de la crise.

Une entreprise en difficulté aura plus que jamais besoin de disposer de la bonne information au bon moment, pour deux raisons :

  • Protéger son activité et son patrimoine informationnel.
  • Agir de façon proactive et se préparer à saisir de nouvelles opportunités.

Car c’est bien là tout le cœur de l’IE : se préparer aux opportunités tout en neutralisant les menaces, en gardant à l’esprit la nécessité d’anticiper.

En résumé :

Accéder à de nouveaux marchés et de nouveaux partenariats sécurisés, s’adapter à de nouvelles pratiques, faire entendre sa voix ou résister à la concurrence seront les besoins majeurs des entreprises dans un environnement post-crise.

Ces besoins nécessitent des réponses mobilisant tous les piliers de l’intelligence économique, en partant des bonnes pratiques déjà mises en œuvre, pour les enrichir et de les optimiser.

Plus que jamais, l’activité de demain aura besoin de compétences, de savoir-être et d’expertises précises. Elle nécessitera de la polyvalence, permettant de faire face. Surtout, il convient de ne pas cesser d’investir dans la maîtrise de l’information.

L’intelligence, plus seulement économique, sera alors collective : la crise que nous traversons doit être l’occasion d’amorcer une réflexion sur la mise en place de telles stratégies. Cela conduira nécessairement à une meilleure anticipation des crises futures et à une gestion optimisée de l’imprévu.

Camille Duserre