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Axel de Tarlé reçoit Benoît de Saint-Sernin, directeur général de l’Ecole Européenne d’Intelligence Economique de Versailles, pour parler de l’affaire d’espionnage qui embarrasse depuis plusieurs mois la chancellerie allemande.

Selon la radio publique allemande Berlin-Brandebourg, le ministre des Affaires étrangères français ferait partie des dirigeants mis sur écoute par l’Allemagne pour le compte de la NASA. Décidément, on ne peut avoir confiance en personne. Même nos amis et alliés allemands nous espionneraient !

« Depuis la fin des deux conflits, l’Allemagne n’a pas le droit d’avoir une autre puissance qu’économique. Dans le service des renseignements, il y a des interceptions. C’est de la mise sur écoute. L’ensemble des partenaires et adversaires de l’Allemagne sont évidemment écoutés. C’est juste normal. On est à quelques jours de la COP21. C’est Laurent Fabius qui va la piloter. Est-ce qu’Angela Merkel va arriver sans avoir la moindre idée de ce que prépare la France ? »

Est-ce qu’elle le sait ? « Bien sûr ! C’est la fonction même des services de renseignements. Elle est la destinatrice de ces notes et de ces interceptions ».

Est-ce que l’on fait pareil ? Est-ce que François Hollande sait le soir ce que prépare l’Allemagne pour la COP21 ? « Je l’espère grandement, et je crois pouvoir dire que oui. On est dans un système d’interceptions mutuelles. C’est pareil dans la cyberdéfense ou la cyberattaque. On place des espions dans un camp et dans l’autre. C’est leur job ».

Est-ce qu’il y a eu une interception d’e-mails ? « Il y a des services entiers dont c’est le boulot. À l’époque de Nicolas Sarkozy, des éléments ont montré que l’ordinateur portable d’un secrétaire était sous contrôle. Quand on intercepte, l’idée est de ne pas se faire attraper et que cela dure aussi longtemps que possible. Angela Merkel dit que ce n’était pas Laurent Fabius qui était directement visé, mais des entreprises sont aussi écoutées ».

Comme Laurent Fabius sait qu’il est écouté, n’utilise-t-il  pas des téléphones brouillés ? « Une super agence française a validé des outils. C’est un point fondamental. On a du mal à faire passer ce message de sécurité à nos élites, qu’elles soient politiques ou entrepreneuriales. « Tant que ce n’est pas arrivé, je ne m’embête pas avec ça ». Et puis, il y a une affaire comme ça ».

Vous disiez que les Allemands nous écoutaient dans un but économique. « Tout à fait. Il y a eu une interception électronique quand la France se préparait à la grande négociation sur la finance mondiale sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Bercy a été piraté pour connaître la position française ».

Parce que ça risque de pénaliser la Deutsche Bank ? « Oui. C’est le rôle du service de renseignements d’éclairer Angela Merkel ».

Selon la radio publique allemande, l’Unicef a également été espionnée, de même que l’OMS et de nombreuses entreprises européennes, comme Renault. Le patron de Renault est-il écouté ? « Votre question est-elle sincère ? Évidemment ! »

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